Les micro-crédits
Créée le 1er juillet 2003 pour venir en aide aux enfants de NDIONGOLOR, l’Association SEN-EGALITE a très rapidement constaté que nourrir et instruire les enfants ne suffisait pas pour conduire cette jeunesse vers un avenir prometteur. Les disettes sont beaucoup trop fréquentes pour assurer un développement durable à toute cette région presque uniquement dépendante de l’agriculture pluviale.
Aujourd’hui, dans cette région du Sine-Saloum on rencontre très souvent la famine là où il y a encore 50 ans les rizières produisaient largement de quoi nourrir la population, là où s’étendait le riche bassin arachidier de l’Afrique de l’Ouest.
Le désert a lentement progressé dans cette zone florissante, à raison de 5 à 7 kms par an en profondeur sur une largeur de 4000 kms, sur toute la largeur de l’Afrique…..
La raréfaction de l’eau, l’absence de projet d’avenir sur cette terre devenue stérile et aride car trop peu exploitée, l’absence d’aides concertées sur cette région, la volonté affirmée de l’état sénégalais d’abandonner la culture de l’arachide, a conduit les populations de ce terroir Sérère à émigrer massivement vers des Eldorados, vers l’Europe. Si la pirogue qui leur permet de fuir la misère, part à l’assaut des vagues de l’Atlantique et atteint la terre promise, combien d’entre ceux qui auront survécu, connaîtront les châteaux en Espagne ? Pour ceux là, dans les rues de St Denis, de St Ouen, de Barbès il va falloir trouver l’emploi qui va justifier le déplacement et leur permettre de répondre à l’espoir des familles restées sur place en envoyant le premier mandat et les suivants…. SI Dieu leur prête vie, et si l’Europe souhaite les accueillir !
Ce vide humain entraine une misère encore plus grande, le vide social, un plus grand ralentissement de l’économie et laisse place au désœuvrement, à l’angoisse du lendemain, à l’explosion de la cellule familiale si importante en Afrique, à l’oisiveté.
Dans l’attente d’une véritable action de l’occident, qui se fait attendre malgré de nombreuses promesses, sous nos yeux nous laissons se distiller le carburant qui va animer le moteur de l’intolérance, des intégrismes et, qui plus est, de la haine de l’occident, de la haine du blanc.
Même si aujourd’hui nous sommes 302 adhérents, nous ne pourrons pas faire barrage à cette lente asphyxie de l’Afrique ; cependant nous sommes décidés à proposer un modèle de coopération active dans une action concertée, en adéquation avec les plans de développement économiques et sociaux proposés par l’état sénégalais.
Notre démarche s’inscrit dans les objectifs fixés par les états membres de l’ONU lors du forum de DAVOS qui prévoit que ces objectifs soient atteints d’ici 2015 :
- réduire l’extrême pauvreté et la faim,
- assurer l’éducation primaire pour tous,
- promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes,
- réduire la mortalité infantile de deux tiers,
- améliorer la santé maternelle,
- combattre le H.I.V sida, le paludisme et autres maladies,
- assurer un environnement durable : accès à l’eau potable, amélioration de l’habitat et de la vie,
- mettre en place un partenariat mondial pour le développement.
Le forum de DAVOS aura donné l’occasion aux pays les plus développés de s’inscrire dans une démarche de partage et de fraternité. Libre à chacun de s’engager ou de ne pas agir…….. Nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure avec eux et grâce à vous aussi, nous avons observé que l’espoir que nous allions donner à tous ces pays, désireux d’en finir avec la pauvreté, s’était transformé en énergie active (plus que positive) et en résultats sur le terrain. Les résultats obtenus à DIORAL, par exemple, sont consignés dans l’ouverture d’une épicerie, qui fut inaugurée en mai 2009. Ouvrir une épicerie à DIORAL !! Qui aurait pu y penser il y a encore 3 ans ?
Personne, car le niveau de vie avait atteint tous les plus bas possibles !
On vivotait, ou de façon plus réaliste, on mourait tranquillement sans inquiéter personne !
Les décès d’enfants, quelle qu’en soit la cause, se sont raréfiés.
Une épicerie ouvre ses portes ? Le responsable : le microcrédit….
Cette épicerie 2 ans ½ plus tard fonctionne bien et son gérant, Richard, est un ancien migrant qui de retour au village, est très satisfait d’avoir retrouvé les siens et ses repères tout en bénéficiant d’un bon salaire pour la région.
Cette expérience dans le petit village de DIORAL qui compte maintenant 1200 âmes (quelques familles sont de retour au pays) est un véritable succès ; depuis janvier 2007 les sommes investies sont de 4 727 000 fcfa (7205 euros) et tous les 6 mois les remboursements permettent de consacrer cette somme à de nouveaux investissements. Toutes les familles intéressées par les microcrédits de DIORAL ont bénéficié d’au moins un prêt, voire de plusieurs prêts ainsi répartis :
- 3 000 000 de fcfa pour de l’embouche bovine,
- 167 000 fcfa pour des prêts aux jeunes filles
- 500 000 fcfa de microcrédits 3ème âge
- 1 060 000 de fcfa répartis dans 3 GIE de femmes
Nous avons étendu cette action au village de NDIONGOLOR (qui lui aussi voit revenir ses habitants) depuis le 25 mars 2010 et aujourd’hui ce sont 12 900 euros soit 8 463 000 fcfa qui chaque semestre viennent aider les familles à acheter l’animal ou le produit qui leur permettront de créer quelques richesses pour un peu mieux vivre. (A ce propos je joins à ce dossier le courrier d’Ousmane FAYE)
Une première enveloppe de 6800 euros a été distribuée en mars 2010 ; en mai 2011 nous avons ajouté une enveloppe de 6100 euros. La dernière distribution de microcrédits ayant eu lieu en juin 2011 nous attendons le bilan pour le début d’année 2012. Lors de ma dernière mission en novembre 2011 j’ai pu constater que les ¾ des prêts avaient été remboursés avant terme (surtout grâce aux moutons qui avaient été vendus avec de bons bénéfices ( !!) pour la fête de Tabaski)
Voici ci-dessous le détail de ces prêts
Prénoms | Nom | Montant | Montant |
Latyr | Diouf | Moto Jakarta |
407 500 |
Ousmane | Faye | Moto Jakarta |
407 500 |
Fatou | Diouf | Mouton |
50000 |
Abdou | Diouf | 2 Zébus |
250000 |
Djibril | Diouf | 2 Zébus |
250 000 |
Mamadou | Faye | 2 Zébus |
250 000 |
Coumakh | Diouf | 2 moutons |
100000 |
Abdoulaye | Diouf | 2 Zébus |
250000 |
Khady | Faye | Mouton |
50000 |
Babou | Diouf | 2 moutons |
100000 |
Ousmane | Ndour | 2 Zébus et 1 mouton |
300000 |
Abdou | Faye | 2 moutons |
100000 |
Yandé | Ndiaye | 2 chèvres |
50000 |
Khady | Ndao | 2 chèvres |
50000 |
Fatou | Faye | 2 chèvres |
50000 |
Alioune | Kane | 2 Zébus |
250000 |
Ydrissa | Faye | 2 Zébus |
250000 |
Latyr | Faye | 2 Zébus |
250 000 |
Mame saly | Faye | 1 mouton |
50000 |
Fatou Ngara | Diouf | 2 chèvres |
50000 |
Diogoye | Ndour | 2 Zébus |
250000 |
Mamadou | Faye | 2 Zébus |
250000 |
Ndoffène | Ndour | 3 moutons |
150000 |
Amie | Diouf | 1 commerce |
350000 |
Total | 4 535 000F |
4 535 000 |
|
Ou 6913 euros |
Les prêts sont dorénavant (depuis 2011) souscrits avec un intérêt global de 5% immédiatement retenu sur les sommes consenties, soit 10 000 fcfa pour un prêt de 200 000 fcfa.. Ce qui permet très rapidement d’augmenter le capital. Il a même été décidé par le comité de gestion de demander le remboursement d’un animal décédé…. Le comité de gestion étant constitué du chef de village, des président et trésorière de FOGOLA notre association partenaire, et de villageois élus.
Prénoms | Nom | Montant | Montant |
Diaffé | Touré | 2 moutons |
100 000 |
Aissatou | Sarr | 2chèvres |
50 000 |
Mamadou | Thiam | 2 zébus |
250 000 |
Khady | Niang | 1 mouton |
50 000 |
Poth Ngoulock | Faye | 2chèvres |
50 000 |
Fatou | Sarr | 2chèvres |
50 000 |
Diba | Faye | 2 chèvres |
50 000 |
Malick | Faye | 2 moutons |
100 000 |
Papa | Diouf | 2 zébus |
250 000 |
Julien | Faye | 2 zébus |
250 000 |
seynabou | Diouf | 1 mouton |
50 000 |
Doudou | Faye | 4 chèvres |
100 000 |
Ngaska | Gning | 2 zébus |
250 000 |
Mame Latsouck | Faye | 2 zébus |
250 000 |
Sémou | Wade | 2 moutons |
100 000 |
Khady | Faye | 1 mouton |
50 000 |
Mayé | Diouf | 2 chèvres |
50 000 |
Fatoumata | Tounkara | 2 moutons |
100 000 |
Ramatoulaye | Faye | 1 mouton |
50 000 |
Aissatou | Ndiaye | 4 chèvres |
100 000 |
Fatou | Faye | 1 mouton |
50 000 |
Coumba | Lèye | 1 mouton |
50 000 |
Djimite | Ndiaye | 2 moutons |
100 000 |
Ndéye Khary | Sarr | 2 chèvres |
50 000 |
Mamadou | Faye | 1 mouton |
50 000 |
Sidi | Thiam | 2 zébus |
250 000 |
Fatou | Diouf | 1 mouton |
50 000 |
Babou | Diouf | 2 moutons |
100 000 |
Saly | Faye | 2 chèvres |
50 000 |
Awa | Diouf | 1 mouton |
50 000 |
Diétèw | Ndiaye | 2 chèvres |
50 000 |
Mayé | Diouf | 1 mouton |
50 000 |
Thiouroup | Ndiaye | 2 zébus |
250 000 |
Micchel | Faye | 2 zébus |
250 000 |
Watew | Faye | 1 mouton |
50 000 |
Téning | Faye | 1 mouton |
50 000 |
Mamadou Awa | Faye | 2 moutons |
100 000 |
Kory | Ndiaye | 2 moutons |
100 000 |
TOTAL SOIT 6100 euros |
4 000 000 |
Le réalisé :
12 900 euros sont actuellement prêtés aux paysans de NDIONGOLOR.
Nous avons collecté ce capital grâce à la Société Grassin décors (3000 euros) et au Conseil régional du Centre (3800 euros). La différence (6100 euros) venant de nos fonds propres.
Le prévisionnel fut bien difficile à établir, car certains paysans, le moment venu ont fait d’autres choix que ceux prévus. Ainsi avec 18000 euros nous avions prévu que 48 zébus seraient achetés et 90 chèvres et moutons et des achats divers pour les femmes et les petits commerces.
Nous n’étions pas loin du compte car avec 12 900 euros ce sont 40 zébus qui ont été achetés (ils sont pour la plupart déjà revendus mais les comptes seront arrêtés au 31 décembre 2011) et 72 moutons et chèvres (moutons pour revente à la Tabaski et les chèvres pour la reproduction).
Vous avez remarqué l’achat de 2 motos (1 achetée par le chef de village et l’autre par Ousmane FAYE) Il y a une absence totale de moyen de locomotion motorisé dans le village. L’objectif était de louer au jour le jour ces motos contre 2000 fcfa. Elles sont déjà remboursées. Il faut s’attendre à ce que la concurrence s’installe……….
Ci-dessous Ousmane FAYE lors de l’attribution de sa moto achetée avec le microcrédit, 1er véhicule motorisé du village. C’est la fête : le Griot est là et toutes les femmes dansent
Aujourd’hui en mai 2018, et depuis 1 année, les microcrédits sont mis en stand by en attendant que soient remboursées les dernières échéances de certains villageois… Le village conteste ces choix mais sans contrôle sévère des finances par le bailleur, avec des conséquences pour les débiteurs l’avenir économique de ce même village serait sérieusement compromis….